Montserrat Puig, Xavier Giner, Santiago Castellanos, Carmen Cuñat, Anna Aromí, Trinidad Valente, Fernando Sánchez, Lucía Fernández, Anna Geretto.
La première année a été véritablement consacrée à la relance de la passe au sein de l’ELP. Nous avons mis en place le Collège de la Passe ainsi qu’un nouveau règlement, guidé par les orientations de Jacques-Alain Miller à l’ensemble des Écoles de l’AMP, visant à revaloriser la passe-événement et à sortir le dispositif de la passe d’un certain enlisement, tant sur le plan des enseignements que de ce qu’il pouvait apporter à l’École. La première rencontre des enseignements de la passe s’est tenue en avril. Nous avons pu y débattre du rapport du cartel sortant, le D13. Ce rapport a été commenté par plusieurs collègues, et il y a eu un véritable échange avec les membres. Nous avons aussi eu le dernier enseignement d’Enric Berenguer, AE en exercice à ce moment-là. Une deuxième rencontre a eu lieu en octobre, cette fois en ligne, où différents membres de plusieurs Communautés ont présenté leur travail de lecture de textes fondamentaux sur la passe. Et ce matin, nous avons tenu notre troisième rencontre, durant laquelle nous avons écouté ce que chacun avait à dire après une année d’exercice de ce dispositif, qui se poursuit encore une année.
Un autre point essentiel a été la Politique Jeunesse, lancée par l’AMP, qui a permis à notre École de démarrer l’expérience des membres sous condition. Je pense que cette Politique Jeunesse est allée bien au-delà des admissions : elle a imprégné l’ensemble de l’ELP, y compris les Journées, qui se sont renouvelées, ainsi que l’aggiornamento de l’École, qui constitue un autre pilier majeur de ces deux mandats. Avec une commission du Conseil, nous avons construit une orientation que nous pensons souhaitable afin que l’ELP, dans toutes ses Communautés, soit dans les meilleures conditions possibles pour que la psychanalyse se développe et s’approfondisse sur le territoire espagnol.
*Présidente sortante de l’ELP
Je pense que la tâche des membres sous condition et la mise en œuvre de la Politique Jeunesse représentent un véritable défi pour les deux prochaines années, un enjeu pour l’avenir de l’ELP. L’apparition de ce que nous appelons « les jeunes » — un phénomène inédit dans l’histoire de la psychanalyse lacanienne en Espagne — signifie qu’aujourd’hui, trois générations de psychanalystes formés dans le Champ freudien font partie de l’École. C’est une idée formulée par Antoni Vicens lors d’une rencontre à Barcelone, que je considère comme cruciale. Cela marque la réussite d’un projet, mais souligne aussi la nécessité de penser la formation, l’entrée dans l’École, à la lumière de notre époque.
J’ai appris avec Montserrat et Félix, les deux présidents que j’ai côtoyés ces quatre dernières années, l’importance de lire attentivement le moment, de saisir l’occasion. Ne pas avoir de grands projets préétablis, mais être à l’écoute de ce qui émerge. En effet, nous n’avions aucune idée, au départ, de ce qui allait survenir avec la crise de la passe à l’ECF — qui a conduit à sa révision à l’ELP — ni de la Politique Jeunesse. Ce sont ces types d’événements qui redistribuent les cartes. Il faut donc être très attentif et réactif pour rendre cela vivant.
*Président de l’ELP
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La nouveauté de la Section clinique NUCEP est que nous avons trouvé une façon d’articuler une formation psychanalytique dans un sens traditionnel — lecture des textes de Freud, Lacan, Miller — combinée avec le Séminaire du Champ freudien. C’est une formation de quatre ans, la tétrade, qui débute par un cours de Fondamentaux et se développe selon un programme orienté par la Section clinique fondée par Miller à l’origine à Paris, avec la possibilité de suivre les cours en ligne. C’est-à-dire, à partir de la présence obligatoire des participants en formation dans la Communauté de Madrid, il est possible, grâce aux moyens techniques adaptés, que d’autres, ailleurs en Espagne, puissent aussi accéder à cette formation, même dans des régions où il n’y en avait pas auparavant.
*Co-coordinateur de la Section clinique NUCEP – Madrid
Le NUCEP a été créé en 1998, suite à une restructuration consécutive à une crise de l’ancienne Section clinique de Madrid. Au départ, nous, les coordinateurs, dépendions de l’orientation de Jacques-Alain Miller, mais au moment de la fondation du NUCEP, c’est Éric Laurent qui a pris cette responsabilité. Un troisième moment s’est produit en 2017, lorsque nous avons repris le signifiant « Section clinique », revenant un peu à l’origine, sans pour autant abandonner NUCEP. En réalité, c’est Miller qui l’a proposé — nous n’avons pas pris nous-mêmes la décision de nous appeler Section clinique. Lors d’une réunion, il a dit que cela pouvait s’appeler « Section clinique NUCEP ». Nous avons une certaine attache à ce signifiant. Ce troisième moment, donc, c’est la Section clinique de Madrid NUCEP, qui a conservé les deux appellations. Voilà, ce troisième fut un moment de consolidation.
*Co-coordinatrice de la Section clinique NUCEP Madrid
À Barcelone, l’Institut du Champ freudien avait un modèle avec ses particularités, mais aussi de nombreuses similitudes avec celui de Madrid. Pendant plus de 30 ans, la Section clinique de Barcelone a dispensé une formation en psychanalyse lacanienne. Nous n’avons pas fait une restructuration : nous nous sommes dissous. Jacques-Alain Miller, directeur de l’Institut, a dissous la Section clinique — non sans consulter auparavant tous ceux d’entre nous qui exerçaient alors des fonctions d’enseignement. Il a dit : « je vous invite à un suicide ». Ce fut un suicide assisté, bien assisté, et c’est pourquoi cela a produit un véritable trou, avec des effets subjectifs pour chacun de nous. C’était en 2021, si je ne me trompe pas.
Miller a proposé deux grands espaces pour transiter vers quelque chose de vraiment nouveau. Le premier, c’était un séminaire deDécouvertes.Découvertes, comme son nom l’indique : quelqu’un lit, travaille un texte, pense y découvrir quelque chose qui a une certaine valeur, qui le surprend, et peut le relier à d’autres questions — il le met alors en débat.Découvertesest soutenu par une commission de collègues de Barcelone, coordonnée par Marta Serra.
Et il y a une autre commission, laCommission Campus, que je coordonne moi-même. Nous avions pour mission de penser un nouveau modèle pour ouvrir un espace de formation en psychanalyse lacanienne à Barcelone. Le motnouveau n’avait pas un poids surmoïque trop lourd, car nous étions dans un vide, et nous nous serions accrochés à n’importe quoi qui aurait pu apparaître.
*Coordinatrice de la Commission Campus
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Pour moi, encore aujourd’hui, il est un peu difficile de parler des effets. Je commencerais par ceux qu’a produits l’acte de la demande. Les effets, je crois, ont commencé un peu avant. Je suis entrée dans le dispositif il y a un an. Et ce que je retiendrais de l’expérience d’École, c’est le malaise — mais pas dans un sens négatif —, le malaise qui introduit un désir de travail en lien avec l’École.
*Membre sous condition – Barcelone
Je ne définirais pas mon expérience par le malaise. Ce que cela a produit chez moi, le fait d’être désigné comme membre sous condition, c’est un relancement du désir. Je pense que cela tient aussi à la particularité de mon cas, car je n’ai pas demandé à entrer dans le dispositif jeunesse. J’ai fait une demande d’admission à l’École par la voie classique, et c’est le Conseil qui m’a répondu : « non, mais oui sous condition ». C’était un « non, mais oui » qui, à mon avis, nuance beaucoup les effets que cela a produits chez moi. Le dispositif t’invite à sortir de ta propre communauté locale — surtout quand on vit en périphérie. Moi, je suis de Cadix, dans le sud de l’Espagne, mal reliée à Madrid ou Barcelone. Et je pourrais même nommer un effet dans mon analyse à ce sujet : juste après cette désignation, j’ai terminé la tranche d’analyse que je menais depuis plusieurs années à Séville, et j’ai commencé une nouvelle tranche à Madrid.
*Membre sous condition – Cadix
Oui, je pense qu’il y a eu un peu des deux dans mon cas : un malaise, et en même temps, j’avais demandé à entrer comme membre de l’École — et c’est le Conseil qui nous a répondu cela. C’était une situation particulière, peut-être aussi parce que c’était la première fois. C’était la mise en route du dispositif. Un an plus tard, je constate des changements. Le principal effet surprenant pour moi, au départ, a été un malaise, car ce n’est pas ce que j’avais demandé. Il y a même eu un rejet. Mais à partir de là, beaucoup de choses se sont mobilisées, tant dans mon analyse que dans mon expérience avec l’École. Je me rends compte maintenant que l’expérience d’École n’est pas un automaton. L’École m’a offert quelque chose de nouveau qui m’a mobilisée. Je constate que la Politique Jeunesse mobilise l’École, et je me sens partie prenante de cette mobilisation.
*Membre sous condition – La Corogne
J’ai fait ma demande pour être membre sous condition cette année, récemment, et ce qui a changé, c’est que je me suis mise au travail. Avant de faire cette demande, j’étais plutôt spectatrice. Je suis aujourd’hui engagée dans différents travaux au sein de l’École, à Madrid. J’ai commencé à participer à l’organisation des événements pour les Journées, et je fais aussi partie de la revue.
*Membre sous condition – Madrid
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Édition : Eduardo Vallejos da Rocha. Lore Buchner Révision de la traduction: Marie Salaün