Qu’est-ce qui fait l’Un de la NLS entre Houston et Kiev ? Comment l’Un de la NLS soutient-il les transferts avec l’École ?

Daniel Roy, Patricia Bosquin-Caroz, Ruzanna Hakobian, Els Van Compernolle, Sarah Birgani, Caroline HeanueÈdition Ruzanna Hakobyan. Relecture Guillermina Laferrara
13 février 2025

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Faire École….

Daniel Roy*

Au fond, quand arrive la find’une présidence, ce qui vient c’est la perspectivequi a été prise au début:faireÉcole, ce n’était pas faire la sommation de tous lesgroupes. Faire École, c’était trouver quelquesfils à tirer où chacun pouvait s’accrocher, àl’occasion.

Le premier fil que nous avonsdécidé d’explorer ensemble avec Patriciaest la passe. Le secondtemps est venu de l’AMP, c’est-à-dire defaire attention spécifiquement auxplus jeunes, qui ne sont pas encore membres, ni d’un groupe nide la NLS, et qui sont pourtant déjà au début de quelque chose. En effet, quelqu’un qui commence son analyse se retrouve dès le début face à la question de la psychanalyse en intention — puisqu’ila commencé une analyse — mais il peut aussi, en même temps, dès le début, mettre en place quelque chose de la mise en forme desa pratique et du partage possible de celle-ci. C’est pour celaque nous avons eu l’idée de créer un espace jeunesse à proposer à chacun des groupes.

Le règlement de la passe est nouveau dans la NLS. Il sera effectif à partir du mois dejuillet. Cela va vivifier aussi letravail en intention pour chacun des membres et des non-membres qui souhaitent s’engagerdans ce processus.

Le congrès, untitre formidable proposé par Jacques-Alain Miller, «Clinique du regard», on dit : «Oh, ça a déjà étéfait… ». Pas du tout ! De fait, cela a ouvert de nouvelles perspectives. Les cas cliniques proposés, que nous écouterons demain après-midi, sont d’une extrêmevariété et font apparaître l’objet regard comme un réel très puissant dans la clinique,mais aussi dans la pratique des artistes,etc. Ici, un point est mis au travail : 600 personnes, 400 en présence, 200 par Zoom qui vont assister à ce congrès.

*Président sortant de la NLS

Nouages, faisons exister la question de la passe….

Patricia Bosquin-Caroz*

En effet, ce que Daniel vient dedire, dans l’après-coup, il revient sur la perspective de départ, qui est de faireexister cette École plurielle, 22 groupes, et d’arriver à «faire école» en mettant la question de la passe au centre de ce «faire école». Donc, je m’inscris danscette continuité.

Au séminaire Nouages, nous faisons exister la question de la passe, de la fin de l’analyse, et nous avons décidéde mettre à l’étude l’ouvrage de Jacques-AlainMiller, «Comment finissent les analyses: Paradoxesde la passe». Donc, on choisit chaque fois un texte que l’on met au travail dans le groupe, et des plusanciens mais aussi des plus jeunes sont convoqués à participer à ce séminaire, et y prendre partactivement par la production d’un travail.

Le congrèset la préparation: en tant que vice-présidente, cela fait partiede mes fonctions, je me suis occupée du blog. Il y a en effet une attention particulière à la langue anglaise dans la préparation de cet événement, puisque les textes sont reçusen anglais ou en français, voire sont traduits ou pas, puisque maintenant il y a DeepL, donc onne traduit plus du tout comme avant. Nous avons reçu de nombreux textes en langue anglaisede très bonne qualité qui sont en effet publiés.

Un dernier mot sur la nécessité de faire École et de faire équipe. Nous avons pu compter sur un comité exécutif vraiment formidable,des secrétaires extrêmement actives, le trésorier et l’organisation avec la Société locale, l’ICLO, irlandaise, très présente dans l’organisation du congrès.

*Présidente NLS

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Ce qui unit au fond la diversité : le transfert….

Ruzanna Hakobyan*

Je pense que la question de l’Un pour la NLS est intéressante. Par sa constitution, par les différentséléments comme les initiatives, les sociétés et les groupes, il y a toujours cette question de la diversitégéographique, linguistique et culturelle. Si nous la pensons du point de vue du transfert, toutesces différences deviennent secondaires, et nous pouvons alors penser à l’Un de l’Écoleà partir de ce qui unit au fond la diversité: le transfert. Le congrès c’estune bonne façon de penser à l’Un de l’École. C’est par exemple le travail dans les cartels vers le Congrès et dans le séminaire Nouages.

De mon expérience de travail, dans les cartels vers le congrès de la NLS, je pense au cartel avec des collègues ukrainiens qui ont voulu lire le Séminaire XI dès le début et pas seulement les chapitres sur l’objetregard. Ce qui surgissait comme question, c’est de savoir si le trauma dont parle Lacan dans le Séminaire XI est le même que celui dont il parle dans le Séminaire XX, si c’est le même réel. Dans un autre cartel, la question du regard a été travaillée à partir de l’idée de «L’œil absolu». On peut donc voir comment les cartellisants travaillent différemment le même thème du congrès de la NLS.

*Membre NLS/AMP. Fait partie de la Coordination de l’Europe de l’est (pour la NLS)

C’est Le discours analytique, le désir de le faire exister…

Els Van Compernolle*

Quand on pense à la NLS, on pense plutôtau multiple, comme l’a dit une foisChristiane Alberti lors d’un de nos congrès, et aumultiple des langues et des pays. De nombreuses communautés de travailsont nouées à la NLS. La question se pose : qu’est-ce qui rassembleles membres ? Je dirais que c’estle discours analytique, le désir de le faire exister, qui,comme Daniel Roy l’a dit, est un discours sans égal, sans égal par rapportaux autres discours, mais aussi sans égal dans toutes ses manifestations, selon le pays et la logique développée avant. Il y a donc toutes sortes de variations dans la façon dont il peut se manifester.

Concernant le transfert avec l’École pour le KRING-NLS, nous avons plusieurs activités liées au thème du congrès. Le séminaire Nouages, par exemple, est une invention très spécifique. «Nouages» fait penser à un nœud entre des éléments très hétérogènes. Le séminaire Nouages est une invitationlancée par le groupe local, à un membre du comité exécutif ainsi qu’à un membre d’un autregroupe ou société pour une présentation clinique ou théorique. J’ai trouvé intéressant qu’un grand accent ait été mis cette année sur la question de la passe.

Membre NLS/AMP. Co-Responsable pour les simultanées de Pipol-12

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L’Éthique de l’énonciation…

Sarah Birgani*

Je voudrais commencer par une anecdote. En consultant les notes des différentes rencontres de la NLS, un signifiant « eindruck », un mot allemand, m’a sauté aux yeux. On pourrait être tenté de le traduire par «impression», en anglais, mais il y a aussi le préfixe «ein» qui signifie «un». Ensuite, « eindruck » est aussi quelque chose qui vous colle à la peau et c’est alors une trace. On peut par exemple faire un « eindruck » dans le sable. Le mot « eindruck» comporte également le mot «druck », la gravure, la gravure de lettres, de lettres écrites. Cela est lié à ma propre analyse. Je voudrais donner un «eindruck» de deux signifiants que j’ai également trouvés dans la déclaration de l’École Une, et qui étaient pour moi intimement liés à mon expérience à la NLS : le destin et le mouvement.

Il y a une chose que j’ai appelée «l’éthique de l’énonciation». C’est une expérience qui peut être trans-linguistique, mais pas trans-éthique. Pour moi, cela a été très saisissant à de nombreuses reprises à la NLS: l’énonciation une par une, donc comment le lieu est inventé à chaque fois pour une énonciation, une par une. Et je pense que c’est cela, pour moi, l’Un.

*Membre NLS/AMP. Responsable e-Comissión pour la NLS,  dans le Bureau NLS de l’Initiative Vienna et de l’Espace Jeunesse à Vienna 

C’est la seule École de l’AMP qui parle l’anglais…

Caroline Heanue

Concernant la question de l’Un de la NLS, je suppose que c’est la juxtaposition de l’Un et du multiple qui m’est immédiatement venu à l’esprit. Penser à l’Un, c’est penser à la passe et à sa mise en œuvre dans le NLS. Le multiple est une évidence, puisque le NLS est dispersé géographiquement. Elle a pour langues officielles le français et l’anglais. C’est la seule école de l’AMP qui parle anglais, ce qui est très important non seulement pour la transmission de la psychanalyse au monde anglophone, mais aussi pour les endroits où les gens ne parlent pas le français ou les langues des autres écoles. Je pense que c’est ce qui fait la singularité de la NLS.

Concernant le transfert au sein de l’ICLO, nous avons travaillé pendant de nombreuses années sur la traduction des témoignages de la passe. Il y a quelques années, nous avons eu un premier témoignage en anglais qui nous a vraiment interpellés. Nous avons également travaillé sur le congrès de la NLS cette année. Cela a alimenté notre désir et mis les jeunes au travail, et nous avons atteint plus de personnes cette année.

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