Deux questions à l’EOL : Comment amènerles jeunes à demander l’entrée à l’ècole ? Comment se fait l’entrée de l’IOM dans l’Ècole ?

1 - Une politique décidée et de bon augure... 2 - Nous devons nous laisser interroger par les jeunes... 3 - Transmettre en acte un désir d’École...

26 avril 2024

1 – Une politique décidée et de bon augure...

Ricardo Seldes*

J’ai été particulièrement intéressé par l’aggiornamento concernant la Nouvelle Politique Jeunesse, non seulement pour promouvoir un nouveau désir chez les jeunes, mais aussi pour faire savoir que les portes de l’AMP et de l’EOL sont ouvertes pour qu’ils puissent y vivre une nouvelle expérience. Le fait qu’il y ait, auprès des jeunes, une entrée proactive et volontariste a résonné en moi parce que cela me fait penser que, précisément, il s’agit de produire une certaine hâte dans ce qui peut habituellement avoir une fonction plus bureaucratique, d’attente, d’inertie. On a compris qu’il s’agit vraiment d’une politique décidée et de bon augure, qui a produit des questions très intéressantes, par exemple la question de savoir ce que signifie de chercher les jeunes les plus sérieux et les plus responsables. Cela nous a permis de penser qu’en plus de ce qui est nécessaire, c’est-à-dire avoir moins de 35 ans, ce n’est pas suffisant parce qu’il faut aussi des gens qui sont en analyse, qui sont en contrôle. Ce que Manuel a pu saisir, ce sont les énonciations au-delà des énoncés. Nous sommes arrivés à la conclusion que dire «les plus sérieux» et «les plus responsables», ce n’est pas seulement ceux qui ont un désir de psychanalyse très repérable, mais qui ont aussi un désir de se former exactement à l’EOL.

*Président de la FAPOL et membre du Conseil de l’EOL.

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Manuel Zlotnik*

Une soirée très importante organisée par le conseil de l’EOL fut consacrée à la Politique Jeunesse. Il s’agissait d’une soirée à huit clos car nous voulions discuter avec les membres de ce tout nouveau mouvement. Mais cette première soirée a déjà eu un effet : des jeunes ont commencé à venir et à demander à être admis, puis nous avons organisé une deuxième soirée, cette fois-ci ouverte, avec l’ensemble du Conseil au complet, qui s’est présenté et a discuté avec l’École.

Avec l’IOM, il y a également eu un peu de surprise au début, puis beaucoup d’enthousiasme. L’EOL compte quatre Sections : Santa Fe, Rosario, Córdoba et La Plata, ainsi qu’une Délégation à Mendoza. Cette année, la Délégation Uruguay s’y est jointe et, à partir de ce mouvement, l’idée est que l’Institut Oscar Masotta sera présent dans les coins d’Argentine où il n’y a pas de Sections. Il s’agit donc d’un travail d’intermédiaire entre l’Institut et l’École. Nous avons commencé cette année avec les provinces de Salta et Bariloche, deux endroits où l’IOM était assez développée et travaillait depuis de nombreuses années, et ils sont donc devenus des Délégations. J’ai donc mené de nombreux entretiens d’admission avec des gens à Bariloche et en Uruguay, de sorte qu’en février, nous puissions obtenir les homologations. Avec chacun des lieux qui vont devenir des Délégations, j’ai organisé une réunion Zoom avec tous les participants, en essayant de les écouter pour réduire un peu leurs angoisses, pour clarifier les choses. Encore une dernière chose, les endroits qui ne sont pas aussi développés ne deviendront pas des Délégations mais ce que l’on appelle des Antennes, qui sont aussi un mode d’École, mais un peu plus petite que ce qui serait une Délégation, c’est-à-dire que l’École, par le biais de son Conseil statutaire, est responsable de ce changement et de ce qui va se passer dans chacune des nouvelles instances qui sont produites.

*Président de l’EOL.

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2 – Nous devons nous laisser interroger par les jeunes…

Andrea Zelaya

On pourrait peut-être penser que ces deux questions peuvent être articulées. Fondamentalement, en ce qui concerne l’IOM, l’inclusion dans l’École a été promue par Jacques-Alain Miller et la présidente de l’AMP, Christiane Alberti, en faisant sentir le besoin d’incorporer ce qui était l’Institut Oscar Masotta dans l’École. L’idée est que l’École puisse dispenser sa formation en tant qu’expérience analysante de l’École dans les lieux où les Délégations étaient prêtes à ce moment ou à ce point d’arrivée. C’est une relation entre l’aggiornamento de ces lieux, mais aussi de la part de l’École de se laisser aggiorner par le nouveau de la Délégation, de laisser décompléter l’institutionnel en jeu pour s’ouvrir à la dimension de ce que l’on appelle l’expérience d’École où la question centrale est Qu’est-ce qu’un analyste ?

A partir de là, nous pouvons penser que l’inclusion des jeunes est une ouverture, dans le sens de laisser la place aux jeunes pour qu’ils puissent s’interroger sur l’expérience de la psychanalyse dans le monde et s’interroger sur la fonction de l’École, le désir d’École et son importance dans leur vie et dans la vie de la psychanalyse. Il existe une relation entre les jeunes dans l’École, l’IOM et l’aggiornamento. Ce sont trois mouvements pour rajeunir et repenser la pratique de la psychanalyse afin de repenser et renouveler les statuts, les dispositifs. Nous devons nous laisser interroger par les jeunes. Dans la nouvelle modalité de la condition suspensive, des jeunes soumis à la condition, sont guidés par un mentor AME de l’École et de l’AMP, et il est donc possible que l’AME et l’École elle-même se laissent aussi interroger par les questions de ces jeunes. C’est comme un mouvement moebien.

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3 – Transmettre en acte un désir d’École…

Gabriela Camaly*

C’est un pari fort envers les jeunes, mais aussi envers l’École elle-même. Je pense que le problème n’est pas tant d’attirer les jeunes, de susciter chez eux un désir d’École, mais de maintenir ce désir. Dans l’EOL, comme dans toutes les autres Écoles, ses membres ont vieilli, nous avons vieilli. Ceux d’entre nous qui étaient jeunes ne le sont plus.

L’EOL est une École qui a historiquement généré des transferts de manière ouverte, plurielle, dans différents espaces comme l’Université, les hôpitaux, etc., et il y a des instituts cliniques, un Master. La question que nous nous posons depuis longtemps est : Que faire de ces transferts? Comment accueillir ces transferts? Comment générer un désir de formation dans l’École? Je pense que maintenant la question est qu’en peu de temps nous avons reçu beaucoup de demandes d’admission à l’École, sous ce nouveau format de membre sous condition, mais le pari est aussi de transmettre en acte un désir d’École pour qu’ils ne partent pas, pour qu’ils aient un désir de s’y former.

*Directrice de l’EOL.

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Traduit par Lore Buchner.