Les simultanées cliniques; Effets du XIVe Congrès AMP; Préparatoires EOL/NEL; Making-of de L’Executive Board; Hotline

04 décembre 2025
Adolfo Ruiz, Pascale Fari, Ligia Gorini, Gabi Grinbaum, Rachel Cors, Viviana Berger, Jorge Assef, Mackling Limache

C’est la promesse d’un débat ouvert, animé et passionnant

Lacan a dit un jour qu’une pratique n’a pas besoin d’être éclaircie pour être efficace. Mais attention, en disant cela, il met l’accent non pas sur l’efficacité, mais sur l’éclaircissement. Il a dit cela dès le début de son enseignement. Dans le Séminaire I, on trouve déjà la question : Que faisons-nous lorsque nous faisons de la psychanalyse ? Il la propose comme boussole pour ce premier Séminaire, mais on retrouve la même question, formulée autrement, à l’autre bout de son enseignement : dans le Séminaire XXIV, Lacan dit : « J’en suis encore à interroger la psychanalyse sur la façon dont elle fonctionne. Comment se fait-il qu’elle tienne, qu’elle constitue une pratique qui est même quelquefois efficace ?» Les simultanées cliniques du Congrès sont justement une occasion magnifique d’avancer dans les réponses et les discussions autour de cette question qu’il nous pose dès le début de son enseignement.
Adolfo Ruiz

Nous avons donc invité lesmembres des sept écoles de l’AMP à réfléchir au cas clinique qui les mobilise pour éclairer, illustrer le thème du congrès, « Il n’y a pas de rapport sexuel ». La singularité du cas sera privilégiée dans chacun des exposés que vous pourrez entendre. L’orientation de la cure et les interventionsde l’analyse seront lisibles, bien repérées. L’articulation originale avec le thèmesera précisée, clairement mise en valeur. Les axes de travail qui ont étédiffusés, sont des balises précieusespour cibler différentes perspectives,différentes manières d’aborder le thème. Les travaux pourront bien sûr s’appuyer sur une citation,une référence théorique, mais sansjamais recouvrir les arêtes du cas. La journée clinique se déroulera donc surdeux jours, le jeudi 30 avrilet le vendredi 1er mai 2026. Ces deux journées auront lieu en visioconférence avec traduction simultanée par des professionnels. C’est un choix coûteux, mais quela direction du Congrès a décidé de reconduire au vu de l’importance et de l’efficacité de ce système, qui avait déjà été adopté par le Congrès précédentpour une fluidité des traductions et une préparation bien plus facile. L’inscription au Congrès étant ouverte aux non-membres, la direction du Congrès a décidéd’une innovation cette année: chaque participant dans l’assistance,membre ou non-membre de l’AMP, pourra intervenir et poser des questions. C’est pour nous la promesse d’undébat ouvert, animé et passionnant.
Pascale Fari

Nous avons d’abord réfléchi et discuté de la longueur des textes à demander. Une longueur de 6 500 caractères, ce qui impliquera un effort de réduction, mais donnera une ampleur suffisante pour que les auteurs puissent déployer la richesse du cas et nourrir la discussion. L’invitation à l’envoi des cas a été lancée du 15 octobre au 15 novembre. La lecture et la sélection des travaux ont déjà commencé : elles sont assurées par huit comités de lecture composés de membres de toutes les Écoles, en nombre proportionnel à leur taille, afin qu’elles soient toutes bien représentées. Ensuite, une commission prendra connaissance des rapports de ces cartels de lecture et, si nécessaire, pourra demander aux auteurs certaines précisions, cliniques ou théoriques, afin que le cas puisse véritablement enseigner et soit adapté à la journée.
Adolfo Ruiz

Adolfo Ruiz (NEL) et Pascale Fari (ECF), responsables des cartels de lecture.


Chacun sa couleur

Préparer un Congrès de l’AMP, c’est tout d’abord un immense honneur. C’est aussi beaucoup de responsabilité, une responsabilité que j’ai partagée, en tant que co-directrice, avec mon collègue Gil Caroz.

C’est aussi vivre des moments très contrastés : des instants de joie, des moments extrêmement agréables, avec des rires partagés, des échanges dans plusieurs langues – avec toutes les équivoques que cela comporte, et j’adore ça. Et puis, en même temps, il y a parfois des moments d’angoisse : on ne dort pas, en se demandant si tout va se passer comme prévu, s’il y aura des inscriptions, etc.

C’est à la fois se savoir seule et, en même temps, se sentir portée par une communauté de travail vraiment extraordinaire. L’énergie que cela dégage, tout l’investissement des Écoles, font de cette expérience un apprentissage exceptionnel. J’en suis et j’en serai toujours reconnaissante.

Enfin, c’est savoir passer le relais aux collègues, par la permutation. Et c’est extrêmement joyeux de voir la préparation du prochain Congrès, celui de 2026, qui s’annonce : découvrir petit à petit l’affiche, l’organisation, la manière dont tout cela se déploie, et voir que ça recommence encore une fois, mais autrement, chacun y apportant sa touche personnelle, sa couleur, sa tonalité.
Ligia Gorini

Ligia Gorini (ECF) co-directrice du XIV Congrès AMP (2024)


Nous avons fait de l’EOL la scène du Congrès

J’ai constitué un groupe de sept jeunes correspondants impliqués dans des institutions universitaires ou hospitalières, en divers lieux : Ludmila Malischevski, Ángeles Córdoba, David González, Ana Inés Bertón, Nicolás Mascialino, Mariana Isasi et Ana Sol Sikik. Nous avons déjà organisé un événement à l’EOL, conçu presque comme une fête : nous avons fait de l’EOL la scène du Congrès, en y plaçant des photos emblématiques de couples. Le thème de l’amour y occupait une place centrale, et nous avons invité quatre membres de l’École à présenter des travaux.

Nous souhaitons que le Congrès entre dans la cité : lors des dernières Journées annuelles à Córdoba, par exemple, nous avons pris pour thème «Les logiques de la vie amoureuse» selon J.-A. Miller, quand il évoque le premier coup de foudre de l’histoire de l’humanité — celui d’Adam pour Ève. Nous avons aussi repris la pièce «Le Journal d’Adam et Ève» de Mark Twain, et deux psychanalystes ont joué les rôles : c’était très amusant.

Ce qu’il y a de plus attirant dans l’aphorisme « il n’y a pas de rapport sexuel », c’est l’amour. Une question m’a particulièrement intéressée, que Christiane Alberti a formulée lors de la présentation du thème : « L’amour demeure-t-il la suppléance privilégiée du non-rapport sexuel ? » C’est une question très contemporaine, à une époque où l’on ne sait plus quel est le destin du désir et de l’amour.
Gabi Grinbaum

Nous avons travaillé d’une manière transversale (NEL)

D’abord, c’est un thème qui nous touche comme École-sujet, parce qu’il nous invite, comme le dit Lacan, à faire, à inventer, à faire ce qu’on peut. En ce sens, nous avons travaillé de manière transversale, car la NEL est une École présente dans neuf pays, chacun différent, ce qui imprime déjà la différence et le non-rapport sexuel. Transversal, de Mexico à Santiago du Chili, en passant par les neuf pays et les 13 sections : nous avons conçu un travail impliquant les sections, où nous pouvons nous réunir et nous relier en ligne avec les autres pays. Nous avons prévu trois activités conjointes au Congrès. Nous aimerions que ces activités n’épuisent pas le thème, mais qu’elles l’ouvrent à des questions. Ce que nous proposons, c’est d’ouvrir le débat par des questions sur cet aphorisme. C’est transversal aussi par le mode en ligne, puisque nous n’avons pas d’autre option. Nous avons choisi trois des treize sections pour travailler sur place, autour d’une question qui nous reliera par un fil virtuel. La première aura lieu après l’ENAPOL.

À la NEL, ce qui nous intéresse, c’est qu’il n’y a rien de préétabli, rien de dit : il y a une logique du « il n’y a pas » qu’il nous importe de travailler, parce qu’il est important de déconstruire ce « il n’y a pas ». Nous verrons ce qui surgira de ces rencontres dans chaque section.
Rachel Cors

Gabi Grinbaum (EOL) et Rachel Cors (NEL) – correspondantes.


C’est une grande œuvre, on dirait une opéra

D’une certaine façon, nous portons la voix locale de l’École dans un ensemble de débats, de participations, de contributions. On plaisantait tout à l’heure sur le fait que executive board soit en anglais — c’était aussi un geste pour inclure cette langue dans les fonctions. La fonction consiste à débattre de certains points importants concernant l’organisation, en tenant compte de la situation propre à chaque École. Ensuite, il y a le débat où il est question de prendre en compte les contributions de chacun.
Viviana Berger

Tu dis que c’est la voix de l’École, non ?

M.: Je me souviens d’une remarque de Christiane Alberti : chacun ne représente pas son École, dans le sens où ce n’est pas l’École qui est dans le executive board du Congrès, mais que chacun représente le executive board dans son École.

V.B.: Oui, c’est une voix au niveau consultatif : on y transmet les questions locales, ce qui se passe, car chacun est souvent très centré sur sa situation. C’est un canal de transmission. Ensuite, il y a les correspondants, qui eux sont les relais locaux. Par exemple, à la NEL, nous avons un petit comité avec la correspondante Raquel Cors, la présidente Ana Viganó, la vice-présidente Luisa Aragón et moi. Ensemble, nous impulsons les activités préparatoires, et je transmets cela, je commente et partage au executive board, où chacun apporte ses nouvelles sur les préparatifs, les inscriptions, etc. C’est une grande œuvre, on dirait un opéra : toutes ces voix participent à construire tout cet appareil.

Viviana Berger (NEL), membre de l’Executive Board


Je fonctionne comme un lien entre la direction du Congrès et le correspondant

Pour moi, ce fut une expérience inédite que de former une équipe avec un représentant de chaque École, car chacun apporte la spécificité et la lecture propre à sa communauté au comité exécutif. Cela permet une conversation, par exemple, sur les axes du Congrès. Dernièrement, la fonction du executive board est d’accompagner le directeur dans certaines idées qu’il élabore et partage avec nous, sur les questions qui l’intéressent. Nous avons travaillé sur les axes thématiques qui orienteront les propositions du Congrès, notamment pour guider les collègues dans l’écriture des travaux. On peut ainsi entendre ce qui résonne dans chaque communauté, dans chaque pays, les dérives que prend le thème — autour de l’amour ou des liens — selon les subjectivités et les cultures, et selon le moment de travail de chaque communauté analytique.

Je ne sais pas si c’est le cas de tous, mais pour ma part, je fonctionne comme un lien entre la direction du Congrès et le correspondant de l’École que je représente à l’executive board, en l’occurrence l’EOL. Et donc, avec le correspondant, avec son équipe.
Jorge Assef

C’est là la différence avec le correspondant

M.: C’est une idée de Christiane Alberti : le membre d’une instance, ou d’une commission de l’AMP ne représente pas son École, mais représente l’AMP, le Congrès, dans son École — et c’est là la différence avec le correspondant, non ?

J.A.: Exactement. C’est pourquoi le correspondant, pour la diffusion du Congrès, me consulte parfois sur certaines initiatives, et il y a une ligne politique venant de l’AMP que je lui transmets à mon tour. Le travail à venir consistera justement à diffuser le Congrès avec cette lecture.

Jorge Assef (EOL), membre de l’Executive Board


Hotline — une ligne directe entre celui qui veut participer à l’événement et l’organisation

Le mot Hotline a de nombreux sens selon les régions du monde, mais nous retiendrons celui utilisé en Europe : une ligne directe entre la personne qui souhaite participer à l’événement et l’organisation. Dans notre commission, composée de Bruno Alivón (ECF, Paris, France) et de moi-même (Lima, Pérou), nous développons, avec une équipe technique, une plateforme qui permettra de résoudre les problèmes récurrents lors des inscriptions à un Congrès. Ayant déjà beaucoup aidé sur les aspects de streaming et d’organisation en ligne, je connais bien les difficultés qui peuvent survenir — avec Bruno, nous essayons d’anticiper ces problèmes : difficultés d’inscription, non-réception du lien, impossibilité d’accéder à la salle, absence du programme, etc. Nous serons chargés d’assurer l’assistance et l’accompagnement : ce sont souvent des moments d’urgence pour certains participants, et nous serons là pour les aider à résoudre leurs difficultés. La commission sera composée de collègues parlant les cinq langues de l’AMP. Nous avons jugé essentiel que chaque participant puisse recevoir une réponse dans la langue de son message, et qu’une personne puisse l’accompagner jusqu’à la résolution du problème.
Mackling Limache

Mackling Limache (NEL)