La NLS désire faire école. Ce désir a déjà produit ses effets, ses résultats. C’est une expérience au sens fort, elle ne suit pas un trajet déjà là. C’est une construction au jour le jour.
En inscrivant dans son agenda, la passe avec les séminaires Nouage et le contrôle pour sa journée Question d’école, la NLS met le focus sur les deux modes de reconnaissance des analystes que Lacan a toujours distingués : reconnaitre un analyste comme le produit de son analyse (passe) et le reconnaitre à partir de sa pratique.
Bien avant que le terme même de contrôle soit introduit par Freud, apparaît clairement la nécessité pour lui d’un interlocuteur pour rendre raison de sa pratique commençante : «je ne peux guère me passer de l’autre, et que c’est toi qui est l’unique autre, l’alter». Le contrôle est né du désir de Freud, de son goût propre : c’est une question éthique qui s’est emparée de lui. En rendant le contrôle obligatoire, les groupes affiliés l’IPA ont donc produit une déviation «discrète et progressive» par rapport à la toute première expérience freudienne, à savoir une structure quaternaire : Freud, son interlocuteur Fliess, le patient dont on parle, et l’auditoire («son publicde la découverte freudienne») (son Autre) au-delà de Fliess. Une structure, absolument essentielle de démontrer qu’il s’agit en dernier lieu de transmission : la psychanalyse ne se transmet pas d’un sujet à l’autre uniquement par l’expérience de la cure sous peine de se réduire à une pratique d’initiation, mais par les voies d’un transfert de travail. Et Lacan a par la suite, déstandardisé le contrôle, en misant sur le transfert de travail, sur le désir des jeunes analystes.
La NLS entend faire passer le désir de contrôle : sa journée Question d’École qui s’est tenue tout récemment, a donné à entendre ce qu’est l’expérience du contrôle dans ce qu’elle a d’unique, de déstandardisée.
En rendant visible ce désir, c’est en outre une garantie qui est donnée au public du sérieux de la pratique, de la rigueur de la formation. C’est pourquoi une journée comme celle-ci a intéressé le public de l’école et au-delà le public tout court. On peut en attendre beaucoup.
La jeunesse est toujours à l’honneur quand il s’agit du contrôle, comme Lacan l’a mis en exergue. Des jeunes de la NLS ont pu témoigné de ceci que c’est tout spécialement par le contrôle de la pratique que se réalise leur entrée à l’École. C’est dans et par le dispositif de contrôle que s’articulent la formation dispensée par l’École et la pratique analytique. Le contrôle comme lieu privilégié où l’on maintient des questions ouvertes sur sa pratique, comme ont pu le dire certains. C’est par le contrôle que leur désir s’est noué à l’École: non pas le désir d’être ou de devenir analyste, mais le désir d’analyse qui est la forme première du désir de l’analyste.
En approuvant toujours les jeunes analystes, Lacan donnait la priorité à l’acte. Dans le contrôle, se vérifie à quel point ils peuvent être libres dans leur tactique (plus que dans leur stratégie), et prendre ainsi leur distance par rapport à une cure type ou idéale. D’où une exigence de travail constant et de formation infinie.
L’analyse et le contrôle comme conditions pour entrer à l’École –conditions explicites dans la lettre de l’AMP en direction de la jeunesse– y sont appréhendés, comme plus d’un l’a souligné, non pas comme une «pression», une «contrainte surmoïque», mais comme une relance, une ouverture. La «précarité» du «sous condition» s’est transformée par un retournement subjectif en un point d’appui pour la pratique dès lors que l’École est le lieu où s’éprouve qu’il n’y a pas de garantie ultime, que nul ne peut dire ce qu’est un analyste.
En somme, prenons de la graine de ce que disent nos jeunes collègues sur l’effet de retour sur leur pratique, car il s’agit bien de relever ce défi de maintenir l’analyste sur la brèche d’être analysant de son expérience. Contrer l’usage routinier ou endormi de la pratique, raviver le désir de l’analyste, même chez les plus aguerris, entretenir le transfert à la psychanalyse afin de se tenir à la hauteur de la civilisation actuelle. En somme, misons sur la propagation des effets salutaires de l’«expérience des rhinocéros».