1 - À chaque changement, il y a un nouveau pari... 2- Qu’est-ce qu’un analyste ?... 3 - Pari... faire résonner la transmission du passeur... de manière inédite...
1 – À chaque changement, il y a un nouveau pari...
Fabián A. Naparstek
À mon avis, le pari a été le signifiant qui a marqué notre travail et je pense partager cela avec mes collègues du Collège de la passe. En effet, il s’est avéré qu’au sein du Collège, un pari fut fait lié à la conjoncture de la passe dans l’AMP et plus particulièrement dans l’EOL. Lorsqu’il y a une impasse dans le fonctionnement du dispositif, on va de l’avant avec un nouveau pari. Un pari raisonné, qui sera testé et ne sera pas définitif. En ce qui concerne les spécificités de l’EOL, la crise de la passe en 2005, qui a conduit à la suspension de la passe pendant un certain temps, a été très présente dans notre débat. Nous avons ainsi mis en valeur la spécificité de cette crise-là dans sa différence avec la conjoncture de 2023. Chaque moment implique des coordonnées et des paris différents. A cette occasion, le pari majeur pour le règlement a suivi la proposition de Jacques-Alain Miller sur la passe une seule fois. Mais, dans ce qui est propre à l’EOL, nous avons également produit un changement dans ce qui était le secrétariat. Nous sommes passés d’un secrétariat – de trois membres – à un secrétaire. «Un secrétaire qui accepte de prendre le risque sur son propre compte» (J.-A. Miller dans la présentation de La naissance du Champ freudien). Enfin, il y a eu aussi le changement de la procédure comme «une île entourée d’une mer de silence» – ainsi posée lors de sa mise en place à l’EOL – pour perturber son isolement et impliquer l’École dans la Passe elle-même. En bref, à chaque changement, il y a un nouveau pari.
2- Qu’est-ce qu’un analyste ?…
Flory Kruger
1. Qu’est-ce que cela a signifié pour vous d’avoir été élue à l’Assemblée générale de l’EOL, pour faire partie du cartel de la passe ?
C’était une expérience très émouvante pour moi ! Il y avait plusieurs collègues qui s’y étaient proposés et qui auraient certainement eu une chance égale d’être élus par les membres d’EOL. Cependant, je n’ai pas hésité à poser ma candidature. Au moment où j’ai décidé de le faire, j’ai été rassurée de savoir que j’avais fait le bon choix, car j’avais l’impression qu’il s’agissait d’une affaire inachevée dans ma relation avec l’École. Bien que l’issue soit toujours incertaine dans ce type de procédure, j’avais aussi l’impression de pouvoir être élue. Si cela n’avait pas été le cas, j’aurais ressenti une certaine douleur, un certain vide, mais au moins j’aurais exprimé mon désir d’occuper cette place que je souhaitais vraiment.
2. Qu’est-ce qui vous a poussé à proposer votre candidature ?
Depuis la création de l’École en 1992, j’ai occupé différentes fonctions : Commission d’Admission, Commission de Garantie, Directrice puis Présidente du Conseil de l’EOL, Présidente de la FAPOL. J’ai été Directrice de l’organisation de plusieurs des Rencontres Internationales du Champ freudien et aussi des Congrès de l’AMP, mais je n’avais jamais été liée à la procédure de la passe et c’est une place que j’ai toujours voulu occuper parce qu’elle a à voir avec la clinique, avec la psychanalyse en intention, avec la question autour de laquelle s’est fondée l’École de Lacan, à savoir qu’est-ce qu’un analyste ? C’est pourquoi j’ai décidé de m’y présenter.
3. Comment voyez-vous la perspective de ce travail que vous allez faire pour la toute première fois ?
Avec beaucoup de joie, parce que je vais pouvoir écouter et saisir comment un analyste est issu de sa propre analyse. Avec beaucoup d’enthousiasme et avec l’envie de traverser cette expérience pour en apprendre.
3 – Pari… faire résonner la transmission du passeur… de manière inédite...
Eugenia Serrano
Tant le 10 juin que le 25 juin 2023, Jacques-Alain Miller fait, dans ses interventions, des références brèves mais fortes à la fonction du passeur dans le dispositif de la passe. Dans les deux cas, il vise directement la participation du passeur à la décision de nomination. En revanche, le 4 juillet de la même année, dans un interview diffusé par AMP Uqbar News, en réponse à la question de savoir s’il serait possible que l’ex-passeur devenu AE soit convoqué pour parler de son expérience de passeur, Jacques-Alain Miller souligne «Le passeur témoigne devant le jury, l’AE devant l’École […] Une question reste ouverte : faut-il donner aussi la parole aux passants qui n’ont pas été nommés AE ? Jusqu’à présent, cela ne se fait pas nulle part. Mais ce n’est qu’une coutume, non un article du règlement.» (Miller J-A «Réponses à trois questions provenants du Brésil», La Cause du désir, nª114, juin 2023, p.124/5)
Le nouveau règlement de la passe de l’EOL – voté par l’Assemblée extraordinaire le 31 octobre 2023 – vise à renouveler le dispositif, en sortant la passe «de son extraterritorialité» et en impliquant l’ensemble de l’École. La nouvelle constitution du cartel – qui inclut un membre auto-proposé voté en Assemblée – fait trou dans le dispositif : «Hors de son île, la passe est immergée dans l’École par l’intermédiaire du cartel lui-même.» Quant à la place des passeurs, il me semble que le trouage évoqué est un pari fort pouvant faire résonner sa transmission – celle du passeur au cartel – de manière inédite.
Traduit par Lore Buchner.